Le métier de Thanadoula demeure méconnu en France. Celui-ci s’est d’abord développé à New York en 2003 puis s’est répandu en Suisse et en Belgique. La formation qualiopi de l’IDDFV (Institut Deuils-Doulas de Fin de Vie) n’existe que depuis 2019 en France.
Notre société est vieillissante et la crise du Covid-19 nous a bien démontré à quel point il était central que nous puissions parler librement de la mort, sans tabous ni jugement. Les gens se sentent seuls face à la mort de leur proche et démunis face aux démarches administratives suite au décès. Les thanadoulas peuvent les aider, mais pour l’instant notre métier est inconnu du plus grand nombre.
Le Thanadoula Podcast
Pour donner plus de visibilité à mon métier, j’ai décidé de créer le Thanadoula podcast.
Le Podcast dédié à la démocratisation du métier de Thanadoula et qui fait découvrir l’univers de l’accompagnement au deuil et à la fin de vie.
Pour écouter l’épisode introductif qui présente mon métier et vous abonner au podcast, cliquez ici.
Vous pouvez également lire sa transcription ci-dessous:
Transcription:
D’où vient le nom « thanadoula » ?
Thanatos, personnifie la mort dans la mythologie grecque. Il est le fils de Nyx (la nuit) et d’Erèbe (les ténèbres). Il est également le jumeau d’Hypnos (le sommeil). Thanatos est parfois représenté comme un enfant endormi dans les bras de sa mère, Nyx, ou comme un enfant accompagné d’un papillon (le mot pour dire papillon en grec signifie également « âme » et « vie »). Thanatos est à l’origine de plusieurs mots employés en médecine et en psychologie:
- thanatophobie, pour désigner la peur de ce qui rappelle la mort et la mortalité;
- thanatologie pour désigner l’étude de la mort ainsi que la science qui s’y intéresse;
- euthanasie qui signifie « bonne mort » en grec et désigne la notion de mort douce.
Pas étonnant donc que les doulas de fin de vie soient appelées thanadoula.
Doula, en grec, signifie « femme qui offre un soutien social, émotionnel et pratique aux femmes durant la grossesse, la naissance et la période postnatale. » A l’origine, les doulas accompagnaient la naissance. Depuis 2003, le monde a vu naître le métier de thanadoula à New York, et ces doulas ont commencé à accompagner les personnes endeuillées et en fin de vie. Pour encapsuler l’essence de leur métier, il a suffit de rassembler deux racines:
- thana, en référence à Thanatos, personnification de la mort en mythologie grecques
- doula, accompagnante.
Thanadoula est accompagnante à la mort, en tant que réalité physique, émotionnelle, relationnelle; en tant que peur; en tant que processus universel et structurel.
Le métier de Thanadoula: Accompagner à la fin de vie
Nous, les thanadoulas, soutenons donc les personnes en fin de vie ainsi que leurs aidants. Nous sommes présentes bien avant les derniers instants et au moment du dernier souffle. Notre rôle est d’offrir une écoute attentive et un soutien émotionnel, organisationnel et administratif aux personnes endeuillées.
Auprès de la personne en fin de vie
Nous, thanadoulas, créons des espaces de parole libre où les personnes en fin de vie peuvent exprimer ce qu’elles ont sur le cœur sans se restreindre, sans s’auto-censurer, sans crainte d’être jugée. En effet, il n’est pas inhabituel pour une personne en fin de vie d’avoir des souhaits, des inquiétudes, peurs et blessures à verbaliser. Pour cela, elle a besoin de parler à quelqu’un qui ne fait pas partie de son entourage immédiat. C’est une façon de se libérer des non-dits, des tabous et de ne pas s’inquiéter de blesser l’autre en exprimant sa vérité. C’est aussi l’occasion de mettre des mots sur des souhaits que l’on ne sait pas toujours comment partager à ses proches.
En tant que thanadoulas, nous pouvons faire le pont entre la personne en fin de vie et ses aidants de sorte à faire entendre les besoins et souhaits de chaque personne concernée. Nous ouvrons des espaces de discussion où l’on abordera des sujets tels que: les directives anticipées, la mort, les obsèques, etc.
Directives anticipées
Notre rôle consiste également en l’accompagnement des personnes en fin de vie dans la rédaction de leurs directives anticipées et la désignation d’une personne de confiance. Les directives anticipées consistent en un formulaire officiel qui fait valoir les souhaits, les volontés médicales d’une personne en lien avec les soins qu’elle serait amenés à recevoir en fin de vie. Choisir sa personne de confiance implique d’engager une conversation avec ses proches autour de la mort et cela peut être délicat. Nous, les thanadoulas, pouvons accompagner ce processus et aider à sortir des tabous, à dépasser la peur de la mort, et à aboutir à une décision claire et acceptée pleinement par toutes les personnes concernées.
Mettre de l’ordre dans ses affaires avant sa mort fait fréquemment partie des souhaits des personnes qui se savent en fin de vie. Parfois, les familles, les proches ne sont pas en capacité d’aider. En tant que thanadoulas, nous pouvons être d’une aide précieuse dans la mise en ordre des papiers et dans le tri des affaires.
Enfin, nous abordons également le sujet du dernier souffle avec la personne en fin de vie. C’est une façon d’identifier les priorités, les inquiétudes, et les souhaits que la personne en fin de vie porte. Nous lui demandons donc quelle serait sa configuration idéale à l’instant du dernier souffle, qui elle souhaiterait avoir à ses côtés et revenons sur les peurs qui remontent pour amener apaisement et soulagement.
Auprès des aidants
Nous ouvrons des espaces de communication au sein de la famille en permettant des discussions où les aidants parlent de leur expérience, leur vérité avec nous, thanadoulas, sans la présence de la personne en fin de vie. Cela permet de sortir les aidants de la peur de faire sentir à la personne en fin de vie qu’elle est un fardeau ou encore de la peur de l’accabler de par un trop plein d’émotions. C’est une façon de donner la place aux incompréhensions, inquiétudes et besoins des aidants qui sont différents de ceux de la personne en fin de vie. Nous accompagnons également la verbalisation de tout ceci auprès de la personne en fin de vie si cela est la volonté des aidants.
Lorsque nous accompagnons à la rédaction des directives anticipées, il est primordial que nous nous assurions que la ou les personnes qui s’apprêtent à accepter le rôle de personne de confiance comprennent ce que cela implique. Nous sommes donc là pour expliquer ce que la loi dit, et pour aider les personnes concernées à verbaliser si oui ou non elles se sentent prêtes et en accord avec cette responsabilité.
Dans la même logique, nous proposons des temps d’échange pour permettre aux aidants de verbaliser si oui ou non ils se sentent capables d’être présents pour le dernier souffle de leur proche en les aidants à sortir du jugement de soi, et à dépasser les peurs paralysantes.
Auprès des personnes en bonne santé, non aidantes, non endeuillées
Parler de la vie et de la mort, de la peur de la mort, de préparer sa mort dans le sens d’amener de la conscience sur ce que l’on peut faire pour rendre la fin moins chaotique notamment au niveau organisationnel. Tout cela peut se faire lorsqu’on est en bonne santé. En tant que thanadoulas, nous pouvons accompagner cette réflexion.
Le métier de Thanadoula: Accompagner au deuil
Cela commence par le défunt…
Avec la toilette mortuaire que nous pouvons exercer à domicile. C’est une toilette sans soins, les soins ne pouvant être prodigués que par les thanatopracteurs. Dans le cas où les soins ne seraient pas souhaités par la famille, nous, thanadoulas, pouvons laver, habiller, et maquiller le défunt. Cela se fait dans le respect des croyances spirituelles ou religieuses de la famille et consiste en un moment rituel où l’on honore le défunt et son enveloppe. Ainsi, nous accompagnons la famille et les proches dans la visualisation ultime de leur défunt, étape cruciale dans la traversée du deuil.
Auprès des personnes endeuillées
Le deuil ne se fait pas, il se traverse. Avec le temps, nous apprenons à vivre avec l’absence de l’être aimé. Pour autant, le deuil ne s’envole pas. Le deuil est un processus émotionnel et structurel, universel. Dans une société qui repousse la mort coûte que coûte, tout en la placardant partout sur nos écrans, il n’est pas étonnant que parler de la mort et des deuils que l’on traverse ne soit pas chose facile. Les tabous, les idées reçues, l’incompréhension, la culpabilité, la honte, la peur du jugement ne sont que quelques facteurs qui impactent nos traversées du deuil.
Alors, pourquoi ne pas proposer des espaces où la parole circule sans tabous ni jugements et où la présence et l’écoute attentive sont fondamentales? Voilà ce que nous proposons dans le cadre de l’accompagnement au deuil.
Le deuil est multiforme.
Le deuil inclut:
- la perte d’un être cher,
- d’un animal de compagnie,
- le deuil périnatal (fausses couches, IVG, IMG, bébés morts-nés, mort subite du nourrisson..)
- le deuil de transition (maladie chronique, reconversion pro, retraite, séparation, divorce, déménagement, immigration, ménopause..)
Notre rôle est donc de vous accompagner dans la construction de nouveaux repères grâce à la libération de la parole, la verbalisation des émotions et la sortie du jugement de soi pour à terme parvenir à une mise en action.
Ni psychologue, ni médecin
Notre métier est complémentaire avec d’autres corps de métiers auxquels les thanadoulas n’appartiennent pas. Nous ne sommes ni psychologues ni médecins. Nous ne pouvons rien prescrire et nous n’avons pas de diplôme en psychologie. Cependant, notre métier nous amène à travailler main dans la main avec le corps médical, social et funéraire pour accompagner au mieux à la fin de vie et au deuil. Nous avons la responsabilité de faire appel à un réseau de praticiens autrement qualifiés lorsque nous nous rendons compte que la situation qui se présente à nous ne relève pas de notre périmètre. C’est pour cela que notre posture est celle d’une doula, une accompagnante.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce qui m’a amenée à devenir Thanadoula, c’est par ici.